Avec la popularisation du Kindle ou du iPad, le livre électronique a le vent dans les voiles, si bien que récemment, les ventes de livres électroniques ont dépassé celles des livres en format papier. Il n’en faut pas plus pour que certains se mettent à annoncer la mort du livre papier d’ici quelques années comme l’a rapporté un article de BV.com à ce sujet.
Mais si je me fie à mon entourage, cela me laisse plutôt sceptique face à ces affirmations.
Techno-gogo et geek, ce n’est pas pareil !
Avec certains qui s’approprient l’étiquette de geek à tort et à travers, le monde tend à penser que les geeks sont nécessairement adeptes des iPhone, iPad, iPod, Kindle et autres électroniqueries, alors qu’en réalité, la majorité de ces adeptes ne sont guère mieux que des « techno-gogos ». Quand on leur parle de logiciels libres (mise à part Firefox), de jeux de rôles, de mangas autres que les shônen populaires, de programmation ou de fantasy en dehors des sagas populaires, on découvre bien vite que ces mêmes techno-gogos sont rarement des geeks. On peut dire la même chose des adeptes de Facebook et autres réseaux sociaux, ou de ceux qui jouent à WOW 20h/24 ou à la Wii-fit.
Je le dis, car connaissant plusieurs vrais geeks et étant moi-même geekette, j’ai pu le constater. Car si tous les techno-gogos, les facebookeux, les Narutomaniaques et les Wii-fitteuses étaient des geeks, au moins 95% de la population, même matante Germaine, serait geek !
Les Geeks que je connais
Si je regarde les geeks que je connais, je peux faire le constat suivant : Bien peu d’entre eux lisent uniquement des livres électroniques, la plupart préfère encore mieux le format papier, qui donne des sensations (l’odeur et la texture du papier, la vue d’une jolie couverture) et une aisance de lecture inégalée, toutes des choses que le Kindle ne peut offrir. J’ai d’ailleurs une jeune cousine qui, à 12 ans à peine, est déjà ce qu’on pourrait considérer comme « biblio-geek » et « fantasy-geek », tellement elle est maniaque de lecture et de fantasy, au point où une de ses amies lui avait déjà dit qu’elle parlait comme un livre (tiens tiens, ça me donne une impression de déjà vu…). Et cette même fillette ne veut rien savoir du Kindle : pour elle, c’est le format papier ou rien !
Mise à part ma cousine, il y a mon frère qui est à la fois gamer, fiction-geek et roleplay-geek. Il participe régulièrement à des sessions de Donjons & Dragons avec des copains et il a une large collection des livres des Royaumes Oubliés en anglais, et tous ces livres sont en format papier. Il n’a pas de Kindle, et en le connaissant, ça ne doit sûrement pas l’intéresser. Les seuls ouvrages qu’il lit sur l’écran, ce sont les scantrads de mangas et les fanfictions.
Bien qu’elle soit moins geekette que les exemples montrés ci-dessus (bien qu’elle ait déjà touché à MS-DOS et reconditionné un vieux PC) ma mère lit également des ouvrages fictionnels, et pour elle non plus, le Kindle ne l’intéresse pas. Et quand elle doit rédiger un texte sur Word, elle va bien souvent imprimer le brouillon pour le relire car elle trouve la lecture à l’écran trop fatiguante !
Et si je regarde en dehors de ma famille, je peux faire le même constat sur QuébecOS, le Site du Zéro et sur d’autres sites à majorité geek : les techno-gogos ne composent qu’une petite partie, ou au mieux, la moitié des membres.
L’exemple des ouvrages geek
Un autre point qui m’indique que le livre physique a encore de beaux jours devant lui : Cela fait à peine 9 mois que Simple IT, l’éditeur du Site du Zéro a lancé la collection des Livres du Zéro, puis en début juillet, ils annonçaient déjà que le cap des 10 000 copies, les deux livres confondus (celui sur le langage C et l’autre sur le langage PHP), et on parle bien de copies papier, puisque ces mêmes cours sont disponibles gratuitement en ligne sur le Site du Zéro, sous le format HTML, et sous licence CC de surcroît !
10 000 en 8 mois malgré l’accessibilité des cours en ligne, cela est donc une preuve que le besoin d’avoir une copie papier est encore bien présent, d’autant plus que les demandes pour une version imprimable des tutoriels du SDZ étaient récurrentes !
Conclusion
Si j’étais à la place de Nicolas Negroponte, je n’aurais pas été aussi catégorique dans ma prédiction, j’aurais plutôt opté pour le « wait and see ». Et puisque j’ai parlé de la différence entre les geeks et les techno-gogos, je vous mets le lien d’un billet où l’auteure, elle-même une authentique geekette, a émis ses réflexions face à l’appropriation de l’étiquette geek par les non-geeks, et où vous trouverez en plus des liens vers des tests de geekitude,
» Geek-ification : Usurpation d’identité !
