Les syndicats sont encore pertinents – Expérience vécue par mon frère

Nous les jeunes, nous n’avons pas vécu l’époque de l’industrialisation où les travailleurs dans les usines gagnaient un salaire de misère pour des conditions de travail dangereuses, où on engageait même des enfants, et où les travailleurs qui osaient protester se faisaient jeter dehors, ce qui fait que leur seule façon de faire un poids, c’était en se regroupant, mais les premières années du syndicalisme ont eu la vie dure avec Duplessis et d’autres digireants antisyndicalisme. Aujourd’hui au Québec et les autres pays du G8, les conditions de travail sont fortement encadrées. Par exemple au Québec, on ne doit pas dépasser 40h par semaine car sinon, soit ces heures sont mises en banque pour les congés (ce qui est le cas de ma mère), soit ces heures supplémentaires sont payées plus cher (ce qui est le cas de mon père, dont ses heures en trop sont payées à temps et demi). Nous avons aussi la CSST qui régit la sécurité au travail, et le salaire est suffisamment décent pour que seul l’un des deux parents d’une famille de quatre n’ait besoin de travailler pour apporter le pain sur la table, bien que les familles où les deux parents travaillent sont monnaie courante.

Cela amène donc à donner une impression que les syndicats ne sont plus aussi pertinents qu’avant et que certains employés ambitionnent sur le pain béni. Mais vendredi dernier, mon frère a appris que le syndicalisme a encore de beaux jours devant lui suite à une shit qui vient de lui arriver au boulot.

Si vous travaillez dans une usine, il est très probable que vous soyez syndiqué. Mais si vous travaillez dans un dépanneur (mini-marché), un supermarché, un magasin ou un restaurant, ces chances sont plus faibles. Mon frère rentre dans la catégorie des non-syndiqués puisqu’il travaille depuis deux ans dans un dépanneur où aucun employé de la chaîne n’est syndiqué.

Tout allait bien jusqu’à la semaine dernière où le code vestimentaire a été modifié et que les employés aient reçu leur nouveau t-shirt du boulot pour l’été. Mais parmi ces changements, il y a l’interdiction de porter des shorts. Or, mon frère a une peau qui a tendance à l’eczéma, tout comme mes parents et moi, et dans son cas, son surpoids aggrave la situation puisque ses cuisses sont sujets aux frottements, ce qui fait qu’au bout de 8 heures de boulot à une température torride, il a les cuisses fortement irritées.

Il a tenté sa chance en se rendant au boulot en shorts en faisant fi de l’interdiction et en expliquant son problème de peau, mais même la gérante n’y pouvait rien, même avec un billet du médecin : la décision vient d’en haut ! Voilà ce qui arrive quand les employés ne peuvent pas avoir leur mot à dire sur les décisions d’en haut et que ces employés « corrects » doivent donc payer pour quelques cons qui ont abusé sur la légèreté de la tenue ! C’est à ce moment-là que mon frère a compris ce que vaut un syndicat, car si les employés de la chaîne de dépanneurs où il travaille étaient syndiqués, ils auraient pu contester la décision !

C’est quand des shits de même arrivent que l’on finit par devenir syndicaliste, comme c’est le cas de mon frère ! Pour pallier à cette interdiction, il a donc dû se magasiner des boxers stretch qui ne remontent pas, pour au moins éviter les frottements qui causent ces démangeaisons en fin de quart de travail, tout en portant le pantalon.

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2 commentaires sur “Les syndicats sont encore pertinents – Expérience vécue par mon frère”

  1. mathedit dit :

    Au niveau syndicat je ne sais pas comment ça se passe au Canada, mais je sais qu’en France par exemple il y a relativement peu de syndiqués par rapport à la masse salariale, en partie à cause de la peur des représailles et discriminations au niveau salaire et carrière pour ceux qui sont syndiqués.
    C’est interdit, mais ça n’empêche pas certains employeurs peu scrupuleux de pratiquer une certaine discrimination incitative pour éviter d’avoir trop de syndiqués.

    Au passage ça me fait plaisir de (re ?)découvrir ton blog, j’aime bien le ton et le style d’écriture.
    Maintenant je me sens obligé de rattraper le retard ;)

  2. Ishimaru dit :

    Chez nous, les fonctionnaires, les enseignants, le personnel médical (médecins, infirmiers) et ceux qui travaillent dans des milieux plus à risque comme la construction, les usines (aluminerie, papier, métallurgie, etc.) ou les mines sont généralement syndiqués. Là où la syndicalisation a plus de mal à percer, c’est dans les grandes chaînes commerciales, en particulier les chaînes américaines comme Walmart, dont il y a eu plusieurs cas de fermeture subite de magasins suite à des tentatives par les employés de se syndiquer. Une autre difficulté, c’est que pendant qu’au Québec, nous avons une loi anti-briseurs de grève, le Canada n’a pas de telle loi, ce qui fait que pendant qu’un compagnie qui relève du provincial ne peut pas employer de briseurs de grève (aussi appelés « scabs »), une compagnie qui relève du fédéral peut le faire, et je cite notamment la céréalière Cargill dont il y a eu une assez longue saga qui a défrayé les manchettes nord-côtières.

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